Stella ✿ love sunshine

« Parfois, on me dit que j’ai une vie tout droit sortie d’un livre d’aventure, avec des allures dramatiques, des moments tragiques mais beaucoup de rêves et d’amour. Certains avouent m’envier, ils aimeraient avoir la même vie que moi mais disent ne pas pouvoir. J’exècre ces personnes. Parce que quand on se donne les moyens, on attrape la lune. J’ai visé la lune et je suis allée au-delà de la galaxie. » Melissa Stella Andrews, 20 janvier 2012, jour de ses fiançailles.

« Melissa ? Chérie ? Où es-tu ? » La petite brunette de six ans ne prend pas la peine de répondre et retourne dans sa contemplation de la fenêtre du haut de sa chambre. Assise sur le rebord de la fenêtre aménagé avec coussins, elle fixe l’extérieur espérant voir la grosse berline noire de son père se garer dans l’allée à sa place habituelle. Elle entend des pas dans l’escalier signe que sa mère se rapproche mais elle ne bouge pas d’un cil et continue de regarder par la vitre. Finalement, la porte de sa chambre s’ouvre et la femme entre dans la pièce. Elle ne prend pas la peine de regarder le coin avec les jouets et trouve sa fille pelotonnée parmi une pile d’oreillers. Cette vision lui brise le cœur. Elle aimerait que son mari soit plus présent pour elle. Par terre, un gant de baseball qui sent le cuir avec une balle blanche aux coutures rouges toute neuve sont délaissés. La mère se penche pour les ramasser et va les ranger dans l’armoire. Elle revient ensuite vers la fenêtre passe une main dans les cheveux de son bébé. « Ton père t’apprendra à jouer au baseball un autre jour mon cœur. » « Il avait dit aujourd’hui » réplique la gamine butée. « Le travail l’a appelé à la dernière minute. » Melissa ne répond rien. Elle ne sait pas exactement ce que fait son père mais en tout cas, elle n’aime pas ça. Il n’est presque jamais là. Et il ne peut jamais jouer avec elle. Elle regarde ses jambes, arrêtant de fixer l’entrée de la maison sachant que son père reviendra tard ce soir. Elle a mis sa nouvelle tenue de sport, a fait sa queue de cheval toute seule pour pouvoir aller voir son père le plus vite et quand elle est descendue, la porte d’entrée venait de claquer. Il ne lui a même pas fait de bisou. « Si tu veux on peut aller en ville et je t’achèterais une nouvelle poupée. » « Je veux pas de poupées. » « Pourquoi ? Les petites filles de ton âge adorent les poupées. » « Ba moi je les aime pas. Je suis pas tout le monde. » crie la gamine offusquée et elle se dirige vers son lit en boudant, attrapant son nain-nain au passage. Elle ne veut pas faire comme les autres filles de sa classe, elle, elle veut faire comme les garçons et faire du sport avec son papa.

La jeune fille soupire, finit la dernière ligne de sa page, attrape son marque-page, le glisse dans le livre et le referme. Elle sort ses pieds de l’eau et se rend vers le salon où la sonnerie du téléphone menace de faire trembler les murs. Elle finit par décrocher d’un air ennuyé. Il fait tellement beau aujourd’hui qu’elle n’a qu’une envie c’est de passer sa journée dehors à lire et à nager. Peut-être même aller à la plage. Mais bon, aucun de ses parents n’est là et sa baby-sitter ne pouvait pas la garder. D’un côté elle a dix ans… « Maman ? Tout va bien. Je ne suis pas sortie, j’ai dix ans je peux me garder toute seule et… » « Chérie, chérie écoute-moi s’il te plait. » Sa mère a l’air paniqué au téléphone et Melissa sait instinctivement que sa vie va très certainement basculer. Parce qu’elle n’a jamais vu sa mère pleurer. Et elle entend très distinctement un sanglot au bout du fil. « Tu vas aller chez les voisins d’accord ? Tu vas leur dire que c’est très urgent et qu’ils doivent t’emmener tout de suite à l’hôpital, je suis sur la route mais je ne peux pas venir te chercher sans faire de détour. Tu peux faire ça mon bébé ? » Melissa hoche la tête et réalise que sa mère ne peut pas le voir, elle murmure donc un faible oui en pensant à ce que cela signifie. Sa mère ne l’a pas appelée « bébé » depuis tellement longtemps. Ca veut dire que c’est vraiment grave. « C’est papa ? » « … » Elle entend sa mère étouffer un autre sanglot et une chape de plomb tombe dans son estomac. La dernière fois qu’elle a vu son père, elle lui a hurlé qu’elle le détestait au visage parce qu’il n’était jamais là. « Ca ira mon cœur, ça ira. » Melissa finit par raccrocher avec des instructions de dernières minutes et pense à prendre un paréo avant de fermer la porte à clé. Elle explique la situation à sa voisine qui prend aussitôt cet air sur joué et horrifié. Elle l’emmène comme voulu à l’hôpital. Ce n’est pas dit officiellement mais son père est très certainement mort à cet instant précis. Une fois là-bas, sa mère est avec les médecins alors on la confie à une infirmière. Cette dernière essaie de la rassurer mais Melissa ne l’écoute pas. Tout ce qu’elle fait, c’est rejouer la scène de la dispute avec son père. Elle l’aime. Et elle se demande s’il le savait. « Excuse-moi, comment tu t’appelles ? » « Melissa. » « Melissa très bien. Voici Zadig. » Un petit garçon aux cheveux frisés avec des égratignures un peu partout se tient derrière l’autre infirmière. Il a l’air terrifié. « Il a eu un accident, tu veux bien lui tenir compagnie ? » Melissa hoche la tête et le gamin s’assoit timidement à côté d’elle. Il tremble de tout son corps. Il n’est pas bien grand et tout frêle. Melissa lui attrape la main et la serre très fort. Elle n’est pas timide, elle aime aider les autres et comme ça, elle oublie un instant l’accident de son père. Soudain une alarme hurle « code bleu » dans tout l’étage et l’infirmière se lève rapidement pour disparaître dans une chambre. « Pourquoi t’es là ? » « J’étais avec mes parents. Ils ont eu un accident. Je crois qu’ils sont… » « Mon papa a eu un accident aussi. Je ne sais pas si je le reverrais. C’était quoi le nom de tes parents ? » « Tyler et Zoey Andrews. » Les yeux de la gamine s’écarquillent. Elle savait bien qu’il lui rappelle quelqu’un.

Melissa patiente dans le salon en attendant que sa mère revienne du tribunal. C’est aujourd’hui qu’elle saura si la garde de Zadig est attribuée à leur famille ou s’il ira ailleurs. Elle ne lui a pas beaucoup parlé depuis la mort de ses parents – et donc de son père – mais elle l’apprécie. Il y a quelque chose chez lui qui attire aussitôt l’affection. Elle se demande s’il sait jouer au base-ball, si leur père lui a appris. Rien que d’y penser, Melissa sent la rage monter en elle. Son père avait une maitresse, une autre femme dans sa vie. Qu’il a mis enceinte à peu près au moment où elle est née. Ces réunions de travail à la dernière minute, ces semaines d’absences, c’était avec son autre famille qu’il les passait. Il lui a menti, il a brisé le cœur de sa mère et celui de Zadig. Il a perdu sa maman dans l’accident. Il doit se sentir affreusement seul et Melissa prie pour qu’il vienne vivre chez eux. C’est son frère après tout, seulement demi mais ça compte toujours. La virgule c’est toujours le plus important dans les calculs. Elle a toujours voulu avoir des frères et sœurs de toute façon. Finalement la porte s’ouvre et sa mère entre… Suivi du garçon. Melissa saute sur pieds aussitôt et va faire un bisou à sa maman et un gros câlin à Zadig qui se tend dans ses bras. Elle sait qu’il est très timide. Il a un an de moins qu’elle mais a sauté une classe. Intelligent mais réservé, aucun doute que Melissa avec son caractère enjoué, elle qui ne tient pas en place et qui rêve de visiter le monde sera la forte tête des deux. « Viens je vais te faire visiter. » Elle lui attrape la main et l’emmène faire le tour de la propriété. « Tu joues aux jeux vidéos ou sur l’ordinateur ? Parce qu’ici on n’en a pas beaucoup. Enfin y a un ordinateur, à maman. Mais j’ai pas de jeux électroniques, j’aime pas ça. Je préfère les jeux de société ou alors le sport, je me sens mieux dehors. » « Moi aussi je préfère dehors. » déclare-t-il d’une voix timide. Mélissa sourit et le traine donc aussitôt dans le jardin. Quand il voit la piscine ses yeux s’illuminent. « Vous avez une piscine ? » Elle hoche la tête amusée et il ajoute sur un ton très sérieux comme s’il lui disait que la planète allait exploser dans dix minutes : « J’adore nager. » Melissa rit de plaisir et de satisfaction. « Viens je vais te montrer ma chambre. » Il la suit en lui disant qu’elle a un joli rire ce qui lui en tire un autre. Une fois dans sa chambre, Zadig regarde autour de lui, n’en revenant pas. Une chambre aussi grande existe pense-t-il. Il fait le tour des lieux et s’arrête sur un diplôme. « Stella ? » « C’est mon deuxième prénom, celui de ma grand-mère maternel. » « C’est joli. Ca fait penser au soleil. Tu ressembles à un rayon de soleil avec ton sourire. » « Tu peux m’appeler comme ça si tu veux. »


« Salut ! » Alors que Stella s’apprête à repartir pour une nouvelle longueur, elle s’arrête brusquement en entendant une voix familière. Elle émerge la tête sous l’eau deux secondes avant de prendre de l’élan et de sortir du bassin d’une poussée. « Tu me passes ma serviette s’il te plait ? » Il attrape le drap de bain et le lui lance. Stella le réceptionne facilement et frictionne un peu le tissu contre sa peau avant de s’enrouler dedans. « Tu sais que mon frère n’est pas là ? » « Yep. Ta mère vient de me le dire. Il était censé être là. » Stella rigole et va s’étendre dans l’herbe. Le garçon blond de quinze ans – comme elle – vient s’asseoir à ses côtés. « C’est une vraie tête en l’air celui-là. » Il se tourne vers l’ami de son frère et lui sourit. Elle l’aime bien. Bon elle a ses propres amis mais il est simple à vivre. Sans doute plus que la bande qu’elle se trimballe. Sans le vouloir, Stella s’est retrouvée parmi les plus populaires au lycée. La première année venait de s’écouler et si son frère est toujours aussi timide, tout le monde l’aime. Sans doute parce qu’elle ne se prend pas la tête, parce qu’elle parle à n’importe qui, qu’elle est sportive en plus d’être jolie. Néanmoins, Stella hait les étiquettes et elle l’a bien fait comprendre. En parlant avec des personnes comme l’ami de son frère par exemple qui est au bas de ce qu’ils appellent « l’échelle sociale. » « Contente d’être en vacances alors ? » Stella sourit devant sa petite tentative de faire la discussion en attendant que Zadig revienne. « Comme tout le monde. Pourquoi tu es venu voir mon frère alors ? » « Il faut une raison pour aller voir ses amis ? » Stella lui fait un sourire encore plus grand. « C’est sans doute la meilleure raison pour aller les voir : ne pas en avoir. » Il hoche la tête et ils se comprennent. Ils ne disent rien pendant un moment e puis il reprend. « Tu sais déjà ce que tu demanderas pour ton cadeau de diplômée ? » Tout le monde en parle depuis la rentrée. La fin du lycée est généralement fêtée par un cadeau énorme en récompense. Certains veulent des voitures, d’autres de l’argent, etc. Il faut bien choisir évidemment, ils ont quatre ans pour le faire mais Stella sait déjà ce que je veux. « Le tour du monde. Avoir assez d’argent pour faire le tour du monde. Je veux tout faire, tout voir, je veux bouger, vivre. » Elle dit ce dernier mot avec une dévotion profonde dans la voix. Elle ne rêve que de ça, des paysages décrits dans les livres. Elle veut monter en haut de la tour Eiffel, nager dans l’eau chaude des Antilles, courir avec les enfants africains, elle veut que son existence soit vouée à quelque chose. « T’es sérieuse ? » « Tu ne penses pas que ce soit possible hein ? » Comme la moitié de son entourage pense-t-elle avec ironie bien que cela l’agace. Les gens sont tellement coincés dans leur petit monde. « Non, c’est ce que je veux faire aussi ! » Elle tourne brutalement la tête vers lui, le jauge pour voir s’il est sérieux. Il l’est. Soudain c’est comme une décharge électrique dans tout le corps. Ils se regardent sans rien dire et sans savoir qui fait le premier pas, ils s’embrassent soudain à pleine bouche. Le coup de foudre.


Cher journal,

Je viens de poser mes valises après un an d’absence où je t’avais malencontreusement oublié. De toute façon, ce n’est pas comme si j’aurais pu t’écrire souvent. Le monde est tellement vaste, je n’ai pas eu une seconde à moi. Tout était comme je me l’imaginais. Grand, différent, des mentalités différentes partout, des saveurs délicieuses, des souvenirs oubliables. J’ai d’abord commencé par l’Europe. C’était le plus logique, le moins décalé face aux Etats-Unis, j’aurais pu vouloir me dépayser d’un coup mais non. La France est magnifique, je me suis gavée de macarons et j’ai visité Paris en long en large et en travers. Je suis descendue en Espagne puis le Portugal. Je suis remontée en Angleterre, descendue en Italie puis l’Allemagne et après j’ai fait tout l’Est. Je me suis retrouvée en Chine et j’ai appris quelques mots. J’ai été au Japon en bateau, je n’en pouvais plus de l’avion. En Indonésie, j’ai rompu ma promesse de ne pas utiliser de technologie puisque j’ai envoyé pleins de photos à Zadig, après tout son arrière-grand-mère venait de là-bas. Je me suis totalement dépaysée en repartant pour l’Amérique. Latine. Mexique, Argentine, Peru, Brésil, j’ai tout fait. Je suis même descendue jusqu’à Ushaïa et j’ai vu de loin les berges du pole sud. La fin du monde. C’était fou, j’aurais aimé pouvoir y mettre un pied. Interdit. Du jour au lendemain j’ai décidé d’aller visiter l’Inde. Les souvenirs de Slumdog Millionnaire en tête. Ca y ressemble vraiment. J’ai passé deux nuits blanches d’affilés dans les rues animées, j’ai dansé à en perdre la tête. Et j’ai gardé le meilleur pour la fin. L’Afrique. Je suis resté plusieurs jours dans le haut de l’Afrique avant de descendre dans les pays défavorisés pour y passer des mois. Je me suis installée dans un petit village du Congo et les enfants m’ont appris à parler français. Je n’ai pas voulu les vexer en leur disant que je savais déjà la langue. Je leur ai apportés autant d’aide que possible, partager mes vivres. Bien sûr, durant ce mois avec toutes ses familles il était là. C’est pour cela que mon voyage était aussi décousu. Pour le semer, pour le retrouver avec plus de délice. Comme il me l’avait dit quand on avait quinze ans, il a fait le tour du monde. Il est comme moi. Avide d’air, voulant respirer. Il déteste notre société, il veut vivre sans règles, on est pareils. On a passé un an à s’aimer, on a fait l’amour sur des plages de sable fin, dans des chambres d’hôtel luxueuses. On s’est promené main dans la main, on a joué aux aventuriers ensemble. Et puis on s’est quitté. Sans rien se dire, je l’ai abandonné en pleine nuit, il m’a quittée en plein jour. On se retrouvait des jours plus tard, parfois des mois. Même quand il n’était pas là, je sentais sa présence. Je l’aime. Il a mon cœur. Le sien bat dans ma poitrine. Mais on ne sera jamais ensemble. On s’aime sans parenthèses, sans clichés. Je ne veux pas jouer au parfait couple avec lui. J’aime trop le quitter, je le retrouve seulement pour l’abandonner de nouveau et lui aussi. Il n’était pas le garçon naïf que je pensais. Il est tellement parfait. L’emprisonner dans une relation, ce serait lui couper les ailes, ce n’est pas moi qui le ferait. Avec lui, je rêve de visiter l’espace… Il faut que j’arrête de ne penser qu’à lui. Je vais me consacrer à Zadig maintenant que je suis revenue. D’après maman, il ne s’épanouit pas à la fac, il n’est pas fait pour les études tout comme moi. On rêve de plus et de moins, alors je vais lui faire part de mon projet : je veux ouvrir un club de vacances ou permanent je ne sais pas pour les enfants rebelles. Je veux aider, spécialement les enfants. Je veux les ouvrir au monde, qu’ils voyagent, qu’ils vivent. Qu’ils n’enfilent pas un costard cravate et finissent par divorcer d’une femme qu’ils n’aimaient pas. Je me sens tellement vivante. Je voudrais le crier au monde entier.

Stella éclate de rire. Un rire léger et délicat qu’on aime entendre. Quelques gens se retournent mais ne lui lancent pas de regards courroucés parce qu’ils sont dans un restaurant chic et qu’elle fait trop de bruit. Non, ils la regardent et se disent qu’elle est jolie. Alors ils se tournent vers le chanceux qui l’accompagne, qui lui arrache ce délicieux son et ils trouvent qu’ils sont plus ou moins bien assortis. Ils pensent qu’il n’est pas assez bien pour elle et Stella le sait. Alors elle se tourne et leur envoie un regard noir avant d’attraper la main de l’homme en face d’elle. Ca fait bientôt deux ans qu’ils sont ensembles. Il n’est pas bien grand, elle le dépasse avec des talons – mais elle n’en porte pas souvent – et certains le trouvent trapu. Il est boute-en-train sans le vouloir, son père étant avocat, il a le sens des responsabilités et son frère le trouve trop strict alors que Stella nage dans la légèrement, adore sortir des conventions. Mais elle clame qu’elle l’aime. Et c’est vrai. Elle l’aime. Ce ne sera jamais un coup de foudre, non il n’y en qu’un dans sa vie et elle a déjà eu le sien – elle l’a toujours – mais elle l’aime raisonnablement. Avec lui elle se voit fonder une famille. Elle l’aime tel qu’il est. Il lui a fallu du tems pour le connaître mais elle ne regrette rien. Ce soir, il semble un peu plus nerveux que d’ordinaire. Et elle comprend au dessert pourquoi. Dans son dessert, il y a une bague. Il se met à genoux et lui pose la question fatidique. Tout le restaurant se tait, tout le monde attend sa réponse. Depuis qu’elle est gamine, Stella est contre le mariage. Elle l’aime mais elle est amoureuse d’un garçon blond avec qui elle a partagé ses plus beaux souvenirs. Pourtant, ce n’est pas lui qui est à genoux devant lui. La réponse est évidente. On fait tout par amour. « Oui. »

crédits : tumblr, caribou, pyt, poon, sour yesterday.